Exploration néo-expressionniste

Mes premiers tableaux représentaient des visages terrifiants. Après de longs détours d’exploration et d’apprentissage… Je souhaite approfondir mes recherches dans ce style résolument expressif. Je souhaite mettre en scène les périls (climatiques, numériques, cognitifs) des sociétés contemporaines.

Le thème et les techniques ici utilisées me permettent d’enrichir la palette des émotions que j’essai de transmettre dans mes études sur les paysages.

Je suis certes au stade exploratoire de mes travaux sur l’expressionnismes. Mais j’ai pu travailler sur l’intérêt de creuser ce style qui tutoie l’abstrait ; sur mes influences ; sur la technique et sur le style recherché ; ainsi que sur les perspectives d’inspiration.

L’expressionnisme : style contestataire

L’expressionnisme est plus difficile à aborder que les courants purement figuratifs. D’abord parce qu’il n’y a pas un seul et même courant… mais plutôt une commune distanciation des artistes par rapport à la réalité ; un tropisme au rejet (du rationalisme progressiste, du minimalisme etc.) qui vire à l’expression d’un malaise ; et à une volonté d’exploration nouvelle des arcanes du réel.

Alors que les remises en cause du progrès, de la croissance et de « la gouvernance par les nombres » s’intensifie dans les sociétés contemporaines… le style expressionniste me semble être l’un des plus adaptés pour incarner une forme humaine et émotive de la contestation.

J’envisage l’approche comme un abandon du beau… du moins à sa mise sur la touche. Ce retrait est d’autant plus simple à réaliser que c’est précisément cette beauté que je travaille à capter dans mes tableaux sur les paysages. Disons que la beauté n’est pas nécessaire pour mettre en exergue une expression… Pour diffuser des émotions liées aux périls qui nous pèsent, résolument tournées vers des sentiments teintés d’anxiété, de colère ou de peur.

Visages et expressionnisme : quelles influences ?

La liste pourrait être longue mais quelques classiques du style sortent du lot. Francis Bacon, Paul Klee et Otto Dix en font partie. Ils sont un peu mes madeleines de Proust… J’ai découvert leurs tableaux assez jeune, en feuilletant des livres au hasard dans la maison familiale. Je ne comprenais absolument rien… et surtout pas l’intérêt qui pouvait exister à représenter la réalité de manière si désordonnée.

De haut en bas et de gauche à droite : Francis Bacon, autoportrait et Study for a Head. Paul Klee et ; Otto Dix, Les joueurs de carte. Senecio, Two heads

Plus récemment, dans une veine néo-expressionniste incarnée de Jean-Michel Basquiat, j’ai découvert des artistes comme Adrian Ghenie et Corey Kilmartin.

De haut en bas et de gauche à droite : Adrian Ghenie, autoportrait ; J.M Basquiat, sans titre, Philistines, Corey Kilmartin, Hope Lost.

Style et technique

Je souhaite m’inspirer de l’idée des traits directs et des couleurs brutes. Peut-être y ajouterais-je des traces de perspectives, d’ombres et de reflets… sans doute un petit peu plus de mélange que les contemporains, comme pour créer un premier pont avec mes recherches parallèles sur les paysages.

Je vais construire mon style sur quatre bases et un répertoire de symboles.

Les quatre bases :

  • L’usage de grands cercles… ou de demi-lunes fondantes… notamment pour peindre les yeux. Rien n’exprime mieux l’effarement, la peur ou la surprise qu’un joli cercle ;
  • L’usage du dripping : à la Jackson Pollock… sans que le tableau en devienne l’objet mais pour apporter une touche d’abstraction dans la représentation de reflets ;
  • L’usage des mains : car c’est l’outil primaire. La trace la plus expressive ;
  • L’usage de Nukik : Nunik signifie « tendon » en inuit. Il s’agit des petites taches pleines qui composent les formes et le visage des personnages.

Quelques exemple de visages composés de Nunik ci-dessous :

Péril numérique (2022)
Acrylique 60×40 cm

Péril climatique (2022)
Acrylique 60×40 cm

L’expressionnisme est un terrain de jeu idéal pour développer son propre univers de symboles. Un peu comme le faisait Dalí… autant piocher chez les surréalistes… avec la récurrence de ses montres fondantes pour illustrer le temps qui passe. La constitution d’un répertoire de symboles en lien avec périls des sociétés contemporaines me permettra, je l’espère, de raffermir mon style. Cela prends du temps… Je compte pour cela tester le potentiel d’inspiration de l’IA.

Deux exemples de symboles :

  • Les chiffres… symboles premier de la « gouvernance par les nombres ». Ils sont partout… comme nos indépassables outils d’usage de la réalité. Il déterminent nos objectifs et notre manière d’être au monde. Mon idée est d’inclure des chiffres dans tous mes tableaux. De souligner leur présence… même là où l’on les attend pas. Je vais dater mes tableaux non plus seulement en fonction de calendrier géorgien mais aussi en fonction du timestamp… système d’horodatage qui nous ordonne… donne le nombre de secondes qui s’écoule depuis le 01/01/70 à minuit.
  • La boîte de Pandore…. où bien une boîte avec des pâtes en forme de câbles. Comme le symbole de maux connectés que la curiosité nous pousse à libérer.
  • To be continued…

La création d’un répertoire prends du temps… Je compte pour cela tester le potentiel d’inspiration de l’IA. C’est ce que j’ai fais pour la boîte de Pandore.

Boîte de Pandore
Bing IA

Pandore et Epiméthée (2023)
Acrylique 41×33 cm

Bref… j’ai une vision de ce que je veux faire.
Mais dans la pratique y’a du boulot 🙂