Les mots de la crise : synthèse présendentielle

Attaques terroristes de 2015 ; mouvement des Gilets jaunes et crise de la covid-19 : quels mots ont été utilisés par les présidents François Hollande et Emmanuel Macron au cours de ces crises ? Réponses grâce à Python, par une analyse sémantique de douze discours adressés aux français.

Cet article est la conclusion d’une série d’articles consacrée à chaque prise de parole sur les trois crises mentionnées :

Méthode

J’ai scrapé douze quatre discours de François Hollande huit discours d’Emmanuel Macron (8 discours). Les textes sont disponibles sur le site : https://www.vie-publique.fr/discours

Des librairies Python ont été mobilisées : beautiful soup pour le scraping ; pandas, numpy, regex pour le traitement ; matplotlib, PIL et wordcloud pour les illustrations.

On note la prépondérance du nombre de discours et de mots consacrés à la crise de la covid-19 (80,3 %). Les résultats compilés sur les trois crises sont par ce biais légèrement biaisés. L’analyse des champs lexicaux permet toutefois de faire des recoupements sur les priorités de ce qui doit être dit.

Part du nombre de mots par type de crise

Ce travail est inspiré par celui Javier Ladino, qui a analysé les discours d’investiture des présidents Hollande et Macron. Qu’il en soit remercié 🙂

Président en temps de crise : le choix des mots

Voici l’illustration word cloud des 250 mots les plus utilisés, soit 6,7 % de l’ensemble des mots utilisés.

Deux champs lexicaux se dégagent de l’ensemble des discours analysés :

Le champs lexical de la nation (« france », pays », « nation », « compatriotes ») et celui de la volonté (« faire », « veux », « devons ») sont les deux mamelles du discours présidentiel. Rien que les 6 mots ici donnés en exemple représentent 0,25 % de l’ensemble des mots prononcés. Cela signifie qu’au moins un de ces mots est prononcé en moyenne une fois tous les 400 mots, soit en moyenne une fois toutes les 26 phrases (sur une moyenne de 15 mots par phrase).

Certes l’utilisation de ces champs lexicaux n’est pas une surprise. Un président ne va parler de la dernière série Netflix… mais il est doux de mettre des chiffres sur une perception ; et sur la réalité fonctionnelle propre d’un chef d’Etat. Son rôle est de parler au nom de la nation. Il donne le cap, impulse et donne le rythme des actions à mener pour garantir le vivre ensemble.

Choisir ses mots c’est aussi choisir de ne pas en dire certains. Pour éviter des terrains glissants (le mot islam, très peu utilisé par François Hollande) sans doute ; pour ne pas incarner les choses (Macron n’a jamais prononcé -dans les discours sélectionnés- le mot Gilets jaunes) peut-être.

Les discours de crise ne se prête pas à l’optimisme. Mais ils augurent le plus souvent des périodes d’inflexion, de transition. Aussi suis-je perplexe face à l’absence de mots qui incarnent l’avenir, l’espoir, le progrès etc. L’urgence du moment peut justifier ce manque de projection. Mais pas dans tous les discours. Pas toujours. Et je crains que cette relative absence ne cache un problème plus profond : notre incapacité collective, celle de nos représentants, à projeter ce que nous seront dans un horizon lointain.

Une analyse plus fine du Top 20 met en évidence la prépondérance du mot « France » (85 occurrences) dans les discours sélectionnés. Les mots « pays » et « nation » apparaissent respectivement à la cinquième et à la neuvième place.


Les mots de la crise

Le terrorisme

Analyse de 4 discours sur les attaques de 2015.

Les gilets jaunes

Analyse de 2 discours sur la crise des Gilets jaunes.

La Covid-19

Analyse de 6 discours sur la crise de la Covid-19.