Data : La Valse des Prénoms

La Valse des Prénoms est un ensemble de 3 Dashboard de datavisualisation publiées sur ce blog et hébergés sur Tableau Public. Il s’agit d’une analyse de l’évolution des prénoms donnés à la naissance, en France, de 1900 à 2020. Quels sont les prénoms les plus attribués ? Comment ont-ils évolués ? Les prénoms meurent-ils ? Les chiffres parlent. Ils mettent en lumière l’évolution du statut des individus dans la société française.

Cet article est une analyse tirée des trois Dashboard.

Définition préalables :

  • Les prénoms rares sont ceux donnés moins de 3 fois par an ou moins de 20 fois à un sexe depuis 1945. La liste nominative des prénoms rares n’est pas disponible dans la source. Florilèges ici.
  • Les prénoms conventionnels sont tous les autres.

Liens Dashboard :

Ressources :

1/ Le Palmarès des prénoms

Lien Dashboad : Le Palmarès des prénoms

Votre prénom se situe-t-il dans le Top 20 de votre année de naissance ?

Constats :

  • Au cumul des prénoms donnés entre 1900 et 2020, Jean et Marie trônent en tête de leur genre respectif. On leur doit de nombreuses déclinaisons… Toutefois ces deux prénoms ne figurent plus aujourd’hui dans le top des prénoms attribués.
  • Louis et Louise sont les seuls prénoms à figurer chaque année dans le top 20.
  • Seulement 155 prénoms ont été attribué chaque année depuis 1900.

2/ Croissance Prénominale Brute (CPB)

Lien Dashboard : Croissance Prénominale Brute (CPB)

Comment interpréter la croissance du nombre de prénoms ?

Constats :

  • La diversification du nombre de prénoms conventionnels s’accélère en quasi continu jusqu’à un pic en 2014. Ce nombre progresse de +361,9 % entre 1900 et 2014.
  • Le volume donné de prénoms rares progressent de manière exponentielle, surtout au cours des 20 dernières années (+104,2 % entre 2000 et 2020).

Il est possible de mesurer la croissance volumétrique du nombre de prénoms conventionnel, comme l’on mesure le Produit Intérieur Brut (PIB), sur une période données. L »indice a ses limites (notamment sur l’invisibilité du volume de prénoms rares) mais il a le mérite d’être un indicateur des dynamiques de diversification. Je propose le terme de Croissance Prénominale Brute (CPB), qui correspond à la courbe orange sur la Dashboard éponyme. On en déduira que la CPB est de +36,7 % entre 2000 et 2020 etc.

La première raison de la croissance du nombre de prénoms est législative.  La loi du 11 Germinal de l’An XI adoptée en 1803, restreignait le choix des prénoms à ceux « en usage dans les différents calendriers, et ceux des personnages connus de l’histoire ancienne » . Cette loi visait à éviter les fantaisies postrévolutionnaires du type MaratineBrutus ou Aimé Vérité… de bien beaux prénoms ! Un premier assouplissement législatif est prononcé en 1966 sur l’ouverture aux prénoms régionaux. Mais la véritable ouverture s’opère avec la loi du 9 janvier 1993, qui autorise le libre choix total du prénom : l’officier d’état civil ne peut refuser d’inscrire les prénoms choisis à la naissance, que dans la limite de sa compatibilité avec langue française ; et si l’association avec le nom ne lui parait pas contraire à l’intérêt de l’enfant.

Mais la dynamique de diversification n’a pas attendu les autorisations législatives pour s’amorcer. Sans doute la loi s’est elle adapté à l’usage. Et à un mouvement de fond. Le prénom, de plus en plus mis en avant, revendiqué, porteur de sens et soumis aux aléas de la mode, s’est peu à peu émancipé de l’influence familiale. On ne nomme plus son enfant comme le grand-père, la tante ou tel aïeul, non… le prénom est devenu un facteur différentiant. C’est peut-être ici que se cache la vraie évolution. Et la multiplication des prénoms comme l’illustration d’une société basée sur l’individualisme roi.

On peut donc se demander pourquoi ce recul des prénoms conventionnels observé depuis 2014 ? La CPB témoigne d’une récession (-7,5 % entre 2014 et 2020). Serait-ce le signe d’une contre-révolution ? Pas vraiment… si l’on souligne en parallèle la croissance exponentielle du nombre de prénoms rares (il représentaient 0,7 % des prénoms donnés à la naissance en 1900 contre 3,9 % en 2000 et 10 % en 2020 !), qui rogne sur les prénoms conventionnels, comme le prolongement naturel des processus d’atomisation.

La fragmentation des prénoms reflète la montée des individualismes. Peut-être questionne-t-elle une partie de nos difficultés à faire société.

3/ Modes et prénoms

Lien Dashboard : Modes et Prénoms

Votre prénom est-il encore à la mode ?

A chaque prénom son histoire… sa temporalité, sa géographie. Quid des Jordy ? Des Adolphe ? Des Rihanna ?

Constats :

  • Les prénoms vivent et meurent. Rares sont ceux qui résistent au souffle du temps. Certains disparaissent totalement… d’autres se déclinent tandis que certains renaissent. Il y a une certaine beauté dans ce ballet des prénoms.

La (re)naissance, la durée de vie et la mort des prénoms répondent à des logiques de mode. On note l’effet de l’actualité et de la starification dans la création des nouveaux prénoms. Ne doutons pas de l’influence de cette dernière dans la croissance constatée des prénoms rares au cours de 20 dernières années.