#RueDeFrance : analyse des personnalités

Quelles sont les personnalités qui portent un nom de rue ? Quelle est la proportion des femmes ? Celle des étrangers ? Et pour quoi sont-ils connus ? Voilà les questions finales du projet #RueDeFrance, auxquelles nous répondons dans cet article.

L’analyse qui suit porte sur les données des personnalités qui disposent d’au moins 5 rues à leur nom. Ces personnalités ne représentent « que » 0,7 % de l’ensemble des noms de rues mais 12,6 % des rues existantes. Elles sont, pour la plupart, la représentation de notre identité collective. Sûrement le reflet des moments capitaux de notre histoire ; de notre perméabilité aux influences étrangères ; des professions que nous jugeons dignes de nous représenter ; et de la place que nous accordons aux femmes.

Qui sont-ils ?

1- Commençons par une bonne vieille liste

Parce que c’est le plus simple. Et parce que c’est filtrable. Voilà la liste de 1 640 personnalités qui disposent d’au moins 5 noms de rues en France.

Les données de genre et les descriptions sont directement tirées de Wikidata. J’ai manuellement synthétisé les données « Nationalité » et « Activité », elles-mêmes tirées de Wikidata, d’abord parce qu’elles étaient trop nombreuses mais aussi parce que bon nombre d’entre elles se recoupaient. La profusion d’information perd son sens dans une visualisation… quitte à perdre en précision. Les historiens m’excuseront : sans doute est-il plus clair d’indiquer que Goethe vient d’Allemagne (qui n’existait pas à son époque!) que de Saxe-Weimar-Eisenach 🙂

Louis Pasteur, Victor Hugo et Jean Moulin sont sur le podium des personnalités qui possèdent le plus de rues en leurs noms. Trois hommes… pour les femmes le podium se compose dans l’ordre de George Sand, de Jeanne d’Arc et de Louise Michel.

2- Répartition des personnalités par genre

C’est l’un des enseignement de l’exercice, sans être une surprise : les femmes sont très minoritaires dans l’attribution des noms de rues. Elle représentent 10,2 % des personnalités (167 femmes pour 1 473 hommes) et 8,5 % des rues aux noms de personnalités. Certains y verront l’héritage d’une société patriarcale. C’est le cas. Autant l’admettre. Plutôt que de chercher à rectifier le passé, il serait intéressant de connaître l’état de la parité actuelle dans les quelques rues que l’on nomme chaque année.

Le treemap (nom du graphique ci-dessus) regroupe également les personnalités par occupation. Une manière plus claire de voir les répartitions est proposée ci-dessous.

3- Répartition des personnalités par occupation

Les artistes occupent loin devant le haut du pavé avec 39,2 % des rues et 48,4 % des personnalités. Suivent les politiciens (21,5 % et 15,6 %) et les scientifiques (13,9 % et 15 %). Les religieux, avec une pelleté de Saint(e)-XXX, se taillent une petite place au soleil (4,5 % et 2,2 %) comme pour nous rappeler l’influence du catholicisme sur l’histoire de ce pays. La rue de l’Eglise n’est-elle pas la plus répandue de France ? On pourra s’étonner du nombre de pilotes : Saint-Exupéry, Rolland Garros, Hélène Boucher etc. C’est une profession à laquelle la rue sied bien. Quelques monarques (ou maîtresses de monarques) subsistent, tous ne sont pas français, comme la queue d’une comète balayée par le souffle d’une Révolution.

Pour les occupations par genre ? On notera qu’il ne figure aucune femme ingénieur ; qu’il y a « presque » autant de femmes que d’hommes pilotes (14 personnalités contre 20) et que l’occupation « Monarque » est la seule dont les femmes sont plus nombreuses que les hommes (14 personnalités contre 12). Anecdote finale : seule une femme est élevée au rang « d’inventrice » :  Marie-Christine HAREL, née à Crouttes, en Normandie, en 1761. Elle est l’inventrice officielle du camembert.

4- Répartition des personnalités par origine

Les personnalités françaises regroupent, toutes époques confondues, 78,8 % des personnalités et 84,0 % des rues. L’Italie (4,67 %), l’Allemagne (1,5 %) et la Suisse (1,4 %) suivent très loin derrière. L’exactitude de ce graphique est à la mesure des difficultés que j’ai rencontrées pour inclure des territoires disparus dans les pays actuels : l’empire romain d’hier n’a pas les frontières de l’actuelle Italie… de même pour le Saint empire romain germanique et pour la multitude de royaumes qui ont égrenés les siècles. J’invite donc à lire le treemap ci-dessous avec prudence.

On notera qu’à l’exception des Etats-Unis, les principaux pays représentés dans nos rues sont européens. L’Afrique du sud fait une petite percée avec 239 rues, la Russie avec 414… Symbolique ! Aucune critique mais juste un constat, sans doute valable dans tous les pays du monde : la France des rues est à l’écrasante majorité très tournée vers elle-même et ses voisins proches.

Les autres articles du projet #RuesDeFrance

#RuesDeFrance : un projet data. Quel est l'intérêt et quels sont les objectifs du projet ?

#RuesDeFrance : une histoire de code. Faire face à 7 millions d’entrées… les malaxer, les masser, les mélanger.

#RuesDeFrance : analyse des occurrences de rues. Combien de rues portent x fois le même nom ?

#RuesDeFrance : le Top 100. Quelles sont les 100 noms de rues les plus répandues en France ?